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Tous fous du biocontrôle

Les choses s’accélèrent pour le biocontrôle, aujourd’hui au cœur des préoccupations de tous pour atteindre les ambitieux objectifs de réduction des produits conventionnels.

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Sans surprise, le biocontrôle poursuit cette année encore sa progression. Avec 217 M€ au compteur, il représente désormais 11 % du marché de la protection des plantes en France, selon l’IBMA, qui réaffirme son ambition d’atteindre les 30 % à horizon 2030, avec deux solutions à modes d’action complémentaires pour la majorité des usages. À ce jour, 9 % du chiffre d’affaires du biocontrôle français est investi dans la R & D pour développer de nouveaux produits. Les attentes sont notamment fortes du côté des grandes cultures considérées comme le parent pauvre du biocontrôle. Selon De Sangosse, seules 1,45 % des surfaces développées en grandes cultures seraient couvertes, contre 25 % en arboriculture, maraîchage et 20 % en viticulture.

Des ambitions revendiquées

En 2020, les entreprises ont tour à tour dévoilé leurs plans stratégiques à horizon 2030 (lire pp. 16-17) qui mettent tous l’accent sur le biocontrôle. BASF a annoncé un objectif de baisse de 30 % de l’utilisation de phytos conventionnels. « Avec une baisse réaliste de 30 % en 2030, nous sommes loin des objectifs d’Ecophyto qui fixaient de manière arbitraire un objectif de réduction à 50 % en 2025, explique Jean-Marc Petat, directeur agriculture durable, communication et affaires publiques de BASF. Pour s’en rapprocher, nous voulons tripler la part du biocontrôle dans notre chiffre d’affaires à horizon 2030, en passant de 5 % à 15 %, avec le lancement de 15 nouvelles solutions. » Les ambitions sont similaires du côté de Corteva qui souhaite atteindre l’objectif de 15 % de son CA en biocontrôle d’ici 2025, contre 5 % aujourd’hui. Le biocontrôle est également au cœur de la stratégie des entreprises françaises. « Dans les années à venir, la croissance du biocontrôle va se renforcer au sein de Bioline by InVivo dans le cadre du programme Crop Care qui associe Fertiline, Bioline Agrosciences et Phyteurop, pour monter des solutions combinées répondant aux besoins des agriculteurs français », détaille Fabrice Buet, directeur général adjoint de Phyteurop, dont les produits de biocontrôle ou utilisables en agriculture biologique représentent 20 % de son portefeuille. De Sangosse affiche pour sa part d’ambitieux objectifs : atteindre 6 Mha déployés en biocontrôle d’ici à 2030, contre 1 Mha en 2019.

Pour parvenir à ces objectifs, nombreux sont les partenariats se nouant avec des entreprises de petite taille spécialisées dans le biocontrôle. « Nous devons accélérer les partenariats avec les start-up pour les accompagner, bénéficier de leur agilité et aller plus vite dans l’innovation », confirme Jean-Marc Petat.

Lever les freins au développement

Cette accélération dans le développement du biocontrôle est aussi nécessaire pour le bon équilibre des entreprises voyant le marché des produits conventionnels se restreindre d’année en année. « Bayer a mis en place un plan mondial de substitution afin de renforcer les molécules pérennes, mais aussi développer de nouveaux produits, en particulier de biocontrôle, pour remplacer ceux dont on estime que l’on va perdre l’homologation », détaille Jean-Marc Pujo, de Bayer.

Toutes ces ambitions sont en phase avec les stratégies nationales et européennes. Le 10 novembre 2020, le Gouvernement a d’ailleurs dévoilé sa stratégie du développement du biocontrôle pour les cinq années à venir et prévue par l’article 80 de la loi EGalim. Elle s’articule autour de quatre axes visant à lever les freins au développement du biocontrôle : le soutien à la recherche et à l’innovation, la simplification de la réglementation, le déploiement des solutions et la promotion du biocontrôle au niveau européen.

Cette stratégie se traduit dès à présent par la création d’un dispositif d’accompagnement des TPE et PME, doté d’un budget de 1 M€ et porté par la Banque publique d’investissement, la consolidation de la définition réglementaire du biocontrôle, la simplification des procédures administratives pour l’utilisation de macroorganismes notamment, et le recours facilité aux pièges à phéromones. Bien évidemment, tout cela ne pourra se faire sans l’essor de solutions de biocontrôle couvrant suffisamment d’usages, en particulier en grandes cultures, et l’adhésion et la maîtrise technique des agriculteurs.

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